Rencontre avec les auteurs de "Pourquoi les riches sont de plus en plus riches..."
Mardi 22 mars, les différentes classes des 4 collèges impliqués dans le Prix Paris d'en Lire ont pu rencontrer les auteurs du livre "Pourquoi les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres ?" aux éditions La Ville Brûle.
La rencontre s'est déroulée à la médiathèque Marguerite Duras dans le 20ème arrondissement. Les élèves ont pu échanger avec les sociologues Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon, mais aussi avec l'illustrateur, Etienne Lécroart, et l'éditrice, Marianne Zuzula.
Présentation de Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon :
"Nous sommes mari et femme, nous étions enseignant chercheur au CNRS. Nous nous sommes intéressés à ce sujet parce qu'à l'époque quand nous avons débuté notre carrière, sur 500 chercheurs, personne ne s'intéressaient aux causes des misères de notre société.
Le sociologue essaie de comprendre les problèmes des gens, de comprendre les causes... Notre originalité de travailler sur les riches car personne ne s'y intéressait a été possible que parce que nous étions deux à travailler sur le sujet et qu'à deux, on est plus fort.
Nous avons donc chaussé nos petits escarpins pour nous rendre dans les beaux quartiers pour « étudier » les riches. Nous avons publié 22 livres sur ce thème : les riches, les dominants. Nous ne venons pas de ce milieu (les riches), aussi nous n'étions pas préparé au milieu de la grande richesse. Ce qui a été le plus difficile, c'est de pénétrer dans ce milieu. Les gens sont courtois, polis mais accueillent difficilement les gens qui ne sont pas de leur milieu. Nous avons eu la chance de nous faire recommander par le directeur du CNRS qui était l'héritier d'une grande fortune. Grâce à lui on a pu commencer à travailler à Neuilly. Et puis nous avions aussi une entrée par quelqu'un que nous connaissions qui appartenait à la noblesse et à cet univers des grandes fortunes. Le milieu fonctionne par cooptation. On est invité à des dîners chez Hermès etc. Petit à petit nos livres sont devenus de plus en plus radicaux et il a été de plus en plus difficile de faire notre travail. Aujourd'hui nous sommes un peu exilés.
Notre dernier travail par exemple sur la fraude fiscale et les paradis fiscaux a été très mal reçu. C'est une des difficultés du travail de sociologue, c'est d'être comme un poisson dans l'eau, c'est-à-dire se fondre dans le mileu qu'on étudie.
Quand on travaillait sur les catégories populaires au tout début de notre carrière, on était accueilli sans problème."
Présentation du travail d'Etienne Lécroart.
Qu'est-ce qu'une caricature ?
Je suis dessinateur de BD mais aussi dessinateur de presse. Aujourd'hui le dessin de presse disparaît un peu. J'ai travaillé comme dessinateur de presse pour un journal qui s'appelait Politis, puis j'ai été licencié. Depuis, je fais essentiellement de la BD.
E. Lécroart projette son auto portrait en caricature : C'est un dessin qui me ressemble mais qui n'est pas réaliste. Dans la caricature, on exagère les choses. J'utilise la caricature pour me moquer.
- Petite histoire de la caricature
"D'après moi, la caricature est née dès que les hommes se sont mis à dessiner." E. Lécroart prend l'exemple du rhinocéros retrouvé dans une grotte préhistorique, la grotte Chauvet. "La corne du rhinocéros est exagéré sur le dessin. Pourquoi ? A la fois parce que c'est ce qui caractérise le rhinocéros mais aussi parce que c'est ce qui fait peur à l'homme. On exagère ce qui nous oppresse pour se rassurer. Ça nous libère aussi."
"Quand j'ai commencé à dessiner, j'ai commencé par caricaturer mes profs. C'est une manière de nous libérer aussi."
Une des plus anciennes caricatures du monde occidental: « Rufus est » (c'est Rufus), datant de l'Antiquité, d'un homme politique retrouvée dans l'atrium de la villa des mystères de Pompéi, Italie. Cet homme fait penser à Jules César. Au XVIIème Annibal Carrache contribue à l'essor de la caricature.
En France, à partir de la Révolution, elle se nourrit de l'agitation politique et devient un art à part entière. Elle se développe aussi parallèlement à l'essor de la presse. A l'époque, les 3 sujets de prédilection sont le clergé, les nobles, les riches. Plus tard, le caricaturiste et affichiste Henri Gustave Jossot (1866-1951) attaque aussi à travers ses dessins, les puissants, ceux à qui il faut obéir. Dans une de ses caricatures, on voit 3 pendus : un curé, un représentant de l'armée et un représentant de la justice. Une façon de se défendre est de rire de ces sujets.
Sous la monarchie de Juillet, on se moque du Roi Louis Philippe. Le roi, personnage sacré jusqu'alors devient la cible des caricatures. E. Lécroart projette alors un dessin célèbre de Philipon du roi Louis Philippe caricaturé avec une tête de poire. En 1834, Philippon est condamné pour la série de métamorphoses du visage de Louis Philippe en poire. Le journal Le Charivari dans lequel ces caricatures avait été publiées est condamné. Il est obligé de publier le texte de sa condamnation. Aussi il a cette idée géniale de publier le texte en forme de poire.
Etienne Lécroart commente ensuite quelques uns de ses dessins.
A gauche : Les deux escaliers ne se rencontrent jamais. Les pauvres ne côtoient jamais les riches. A droite : A quoi reconnaît-on que c'est une femme politique ? Elle a une écharpe, elle parle à une tribune...
