Rencontre avec l'illustratrice de l'Ecureuil au collège Pierre Mendès France

Publié le par prof. documentaliste

Vendredi 12 mai, une rencontre avec Lou Bonelli, illustratrice de l'Ecureuil, a été organisée au collège Louise Michel et au collège Pierre Mendès France

Introduction de Lou Bonelli :

"J'ai un parcours dans le dessin qui a commencé par le dessin animé où j'ai rencontré et travaillé avec Benjamin Miallet. Ensuite on a monté un dossier à deux avec Benjamin et on a démarché sur les réseaux sociaux. C'est comme ça que Fabien Grolleau nous a contactés et nous a proposé l'histoire de l’Écureuil. On a alors constitué un dossier autour de l'histoire et on fait des recherches sur les personnages. Fabien Grolleau avait lui déjà fait beaucoup de bandes dessinées. C'est lui qui nous a présentés à l'éditeur Sarbacane. Fabien nous a laissé beaucoup de liberté. Par exemple, il nous a laissé le choix entre Londres à l'époque Victorienne ou Paris au temps de la Commune. On a choisi Paris pour l'esthétique. On pensait que les toits plus entrelacés laisseraient plus de possibilités."

 

Questions réponses avec les collégiens d'Henri Matisse et de Pierre Mendès France.

Aimez-vous votre métier ?
Oui, je fais du dessin animé la journée. On travaille presque à la chaîne. On fabrique chacun une toute petite partie du dessin animé. Le soir, je travaille sur la bande dessinée et là j'ai plus de liberté. L'Ecureuil est mon premier projet dans la bande dessinée.

 

Combien d'heures travaillez-vous par jour ?
Je travaille beaucoup. La bande dessinée ne me fait pas gagner ma vie. Je travaille sept heures par jour pour le dessin animé et le soir jusque parfois très tard, je continue avec la bande dessinée.

 

Avez-vous ajouté des personnages dans l'histoire ?
Dans la serre, pendant le récit sur la mère adoptive de l'écureuil, j'ai proposé d'ajouter des écureuils. Pour la maman de l'écureuil, on s'est inspiré du personnage de Sarah Bernhardt qui est une très grande actrice de l'époque.

 

Comment vous est venu le personnage de l'écureuil ?
C'est Fabien qui a eu l'idée de ce personnage. Il voulait que le personnage soit comme un animal volant. On lui a donc ajouté une cape pour qu'il puisse voler. On a rendu ses cheveux expressifs, un peu comme Astérix avec son casque. Les ailes sur le casque d'Astérix bougent en fonction de son humeur. Les cheveux sont un peu le moyen d'expression de l'écureuil.

 

Comment travaillez-vous avec Benjamin Miallet ?
La collaboration se fait vraiment sur le storyboard. On travaille sur ordinateur et tous les deux sur une même planche. Mais chacun a sa spécialité. Benjamin préfère faire les décors et moi les personnages. On s'aide quand on n'y arrive pas, par exemple sur le dessin des chevaux, on peinait tous les deux. C'est intéressant de travailler à deux pour cela.
Le storyboard c'est la première étape que l'on montre à la maison d'édition. Quand Fabien nous envoie son travail, il a déjà découpé l'histoire. On dessine absolument tout ce que Fabien nous dit de dessiner.

 

Comment faites-vous si vous êtes en panne ?
On est obligé de trouver un moyen de s'en sortir. Quand on bloque, on cherche de quoi s'alimenter.

 

Comment avez-vous appris à dessiner ?
J'ai fait un bac littéraire avec une option arts plastiques. Ensuite, j'ai une formation dans le dessin animé. Le dessin animé c'est très technique. C'est donc très complet comme formation. Le dessin, c'est de l'exercice. Pour bien dessiner, il faut pratiquer beaucoup.

 

Nous avons lu un entretien où vous expliquiez qu'il y a trois étapes : le crayonné, l'encrage et la colorisation. Pouvez-vous nous expliquer en quoi cela consiste ?

  • Le crayonné, c'est le storyboard. On le fait à deux sur l'ordinateur.

  • L'encrage, c'est la deuxième étape, le trait, la partie de mise au propre et c'est Benjamin qui fait cette étape. Il travaille avec une plume d'écolier et de l'encre de chine.

  • Enfin, on rescanne le dessin, et j'ai fait la mise en couleur sur l'ordinateur. Au début, j'ai fait des recherches à la main avec de l'aquarelle mais c'est long et ça coûte cher. Il faut changer beaucoup de feuilles. C'est pour ça que j'ai décidé de travailler sur ordinateur. Pour la couleur, je mets à peu près un jour et demi par planche.

On travaille sur un format plus grand que celui de la bande dessinée. La couverture est sur deux pages pour la première et la quatrième de couverture. On dessine aussi toujours un peu plus car les bords sont retournés et pliés sur la deuxième et troisième de couverture. C'est l'éditeur qui a choisi la couverture.

 

Quelle partie préférez-vous dessiner ?
Ce que je préfère c'est la colorisation.

 

Utilisez-vous une palette graphique pour travailler ou travaillez-vous à la main ? Que préférez-vous ?
J'aime les deux. Le storyboard se fait sur une palette graphique, alors que l'encrage se fait à la main. Je préfère le travail traditionnel à la main. Mais l'ordinateur coûte moins cher.

 

Qu'est-ce qui a inspiré votre style ? Vous êtes vous inspiré du travail de Joan Sfar ?
On a des auteurs de références en bande dessinée qu'on apprécie beaucoup comme Joan Sfar effectivement. On aime beaucoup aussi Clément Ombrerie (le dessinateur de Aya de Yopougon) ou encore Christophe Blain (l'auteur de Gus). On s'inspire aussi de peintures, de gravures. J'aime beaucoup le peintre Degas.

 

Comment définiriez-vous votre style graphique ?
Il n'a pas plu à tout le monde. Il est rugueux, le trait est épais. C'est un challenge pour nous aussi de réaliser une bande dessinée avec ce style car il n'est pas le style plébiscité par le public jeune.

 

On a remarqué que vous aviez une manière particulière de dessiner les yeux des personnages, certains ont trouvé que cela faisait penser à des mangas. Pouvez-vous expliquer pourquoi vous les dessinez de cette façon ?
On voulait donner un côté animal, un côté chat, un côté sauvage à l'écureuil ? C'est pour cela qu'on lui a fait de grands yeux comme ça.

 

Quel personnage préférez-vous ?
Mon personnage préféré est l'écureuil, c'est celui que je dessine surtout et les personnages féminins. J'aime beaucoup Jenny. Benjamin lui a dessiné Max parce qu'il préfère dessiner les méchants. On s'est aussi amusé à s'insérer dans les personnages. Dans le premier tome, on s'est dessiné tous les deux avec Benjamin dans la scène de l'atelier. J'ai même mis mon chat et une poupée que j'ai fabriquée. C'est Fabien qui nous a dit de le faire. Dans le tome 2, on a dessiné Fabien aussi page 18.

 

Est-ce que le personnage de Gavroche vous a inspiré pour le personnage de l'écureuil ?
Oui, c'est une vraie référence pour le personnage. En plus, il y a Victor Hugo dans la bande dessinée.

Comment procédez-vous pour dessiner Paris ?
On a beaucoup regardé des gravures d'époques, des peintures, des photographies. C'est Fabien qui a choisi la tour Saint Jacques.

 

Espérez-vous une carrière internationale ?
Si la bande dessinée marche en France déjà, ce sera bien.

 

Est-ce que la bande dessinée s'est bien vendue ? Êtes-vous contents.
On a vendu plus de la moitié du premier tirage. On est donc plutôt contents. On a gagné un prix des collégiens à Bordeaux.

 

Aimeriez-vous que votre bande dessinée soit adaptée au cinéma ?
Oui j'adorerais. On a déjà essayé d'animer le personnage de l'écureuil.

 

Quel est le dessin animé auquel vous avez participé qui vous a donné le plus de plaisir ?
J'ai beaucoup aimé participer à « Allô c'est Ninou », c'est une série sur canal+ avec la voix de Brigitte Lecordier, c'est la dame qui fait la voix de Sangoku. On a redessiné le petit personnage de Ninou.

 

Quelle est votre bande dessinée préférée ?
Je crois que c'est Gus de Christophe Blain.

 

Y aura-t-il un tome 3 de l’Écureuil ?
Non, il n'y a que deux tomes. L'idée était de couvrir la période historique.

 

Combien de temps avez-vous mis pour écrire les deux tomes de l’Écureuil ?
On a mis un an pour chaque tome.

 

Avez-vous d'autres projets ?
Oui, j'ai d'autres projets avec d'autres maisons d'édition. Fabien Grolleau nous a proposé un autre projet, une histoire de sorcières, pas historique donc mais fantastique.

 

On a remarqué que les images où apparaissent les voleurs sont toujours sombres. Avez-vous voulu rendre ces personnages des voleurs particulièrement effrayants ? Ont-ils réellement existé ?
Les voleurs sont des personnages fictifs, mais c'est vrai qu'on a travaillé la couleur différemment. Ce sont des codes graphiques qu'on utilise pour que le lecteur ne soit pas perdu.

Qu'avez-vous préféré dessiner ? Le tome 1 ou le tome 2 ?
Je crois que j'ai pris plus de plaisir sur le tome 2. Je suis contente du résultat car je vois que j'ai progressé.

 

Votre métier vous permet-il de vivre ?
Je fais du dessin animé pour manger on va dire. La bande dessinée ne me permettrait pas de vivre pour le moment. Je fais pas mal de sacrifices car je travaille beaucoup. Je n'ai pas de famille. J'habite à Angoulême depuis 5 ans car il y a beaucoup de studios de dessin animé. Beaucoup de personnes vivent du dessin à Angoulême. Il y a aussi un festival très prestigieux de bande dessinée.

 

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